Messages : 167 Date d'inscription : 15/01/2011 Age : 47
Sujet: The Beguiled (Les Proies). Mer 19 Jan - 13:32
Les Proies
Durant la guerre de Sécession américaine, un soldat nordiste blessé du nom de John McBurney trouve refuge dans un pensionnat sudiste pour jeunes filles. Il devient l'objet du désir de la directrice, de son assistante et de quelques-unes des pensionnaires. Cette situation sert la stratégie de survie du soldat mais les jalousies, dans ce microcosme féminin, risquent de prendre un tour dramatique...
PAYS : Etats-Unis. RÉALISATEUR : Don Siegel. SCÉNARIO : Thomas Cullinan (auteur du roman), Albert Maltz et Irene Kamp. ACTEURS : Clint Eastwood, Geraldine, Elizabeth Hartman, Jo Ann Harris, Darleen Carr, Mae Mercer, Pamelyn Ferdin... DURÉE : 105 min. GENRE : Drame / Thriller. DATE DE SORTIE : 1971. TITRE FRANÇAIS : Les Proies.
(Si vous n'avez pas vu ce film, ne regardez pas la bande-annonce en entier, elle dévoile beaucoup.)
Les Proies, que Don Siegel considérait comme son meilleur film, est une oeuvre rare, presque bergmanienne, une farce grotesque, un conte tordu dans le style "American Gothic". J'ajoute que ce film est une de mes oeuvres préférées, et qu'elle mérite amplement le terme de chef d'oeuvre. Les Proies est une oeuvre vénéneuse et envoûtante, unique, ou comment un "héros" de guerre - du moins, c'est ce qu'il prétend être - va emmener, par petites touches successives, le chaos dans un pensionnat pour jeunes filles. Trouvé agonisant dans la forêt par un petit chaperon rouge, il sera ramené bien vite dans le cocon du pensionnat, quand, pour éviter les soldats sudistes qui rôdent dans le coin, il embrassera l'enfant. La petite le ramène avec lui moins pour lui sauver la mise (après tout, il est son ennemi, même si elle est étrangère à ce concept et n'est guidée que par sa générosité, comme le simple fait de lui adresser la parole) que parce qu'il éveille en elle, pour la première fois, l'idée d'un amour adulte et sensuel. Avec cette seule scène, Siegel nous affirme son idée première : ce n'est pas un western que nous allons voir, mais bien un drame féroce, brumeux, étrange. Tension palpable, du début - générique martelé par un tambour et les détonations d'un fusil - jusqu'à sa conclusion, il n'est ici question que de frustration, de mensonges, de trahisons, de cruauté, de manipulations. L'amour n'est jamais loin de la haine, le besoin n'est jamais loin de l'envie , tout le monde a deux visages. John doit survivre dans ce lieu typiquement féminin, parce qu'il est l'intrus, qui a la malchance d'être homme ET nordiste, mais il est aussi le Loup à qui le Chaperon Rouge a ouvert volontairement les portes de son antre (voire de son intimité au sens figuré du terme).
Siegel parsème son film de thèmes osés pour l'époque : la guerre de sécession n'est qu'un canevas, un décor pour un portrait psychologique, noir et sans concessions, dans lequel toutes les déviances fleurissent : viol, inceste, amours sapphiques (même si oniriques), mutilation, désirs refoulés ou cachés et innocence bafouée. L'arrivée du soldat marque le renouveau de ce pensionnat qui était en presque léthargie avant sa venue. On oublie de dire ses prières, on tente d'avoir une entrevue solitaire avec l'Homme, on tente d'attirer son attention, et peut-être l'une ou l'autre aura droit à un baiser ou à une caresse. John joue le jeu, d'abord parce qu'il doit survivre, ensuite parce qu'il est au Paradis, qui est aussi pour lui, une forme de résurection: endroit fermé rempli de jeunes femmes frustrées, romantiques, sensuelles et compatissantes... mais aussi dangereuses quand vient la nuit, car elles sont des femmes matures, des jeunes filles en fleur qui jouent avec le feu (pour des raisons différentes) et tentent d'apprivoiser le Loup. Alors John joue avec celle-ci, séduit celle-là, les mettant les unes après les autres dans sa poche. Jusqu'à ce que, après une petite erreur de tactique, la tension monte d'un cran. Les apparences volent en éclats, les personnalités se dévoilent...
On a souvent reproché au film de Siegel d'être misogyne : il n'en est rien. Si Siegel avait effectivement un problème avec les femmes, c'est tout le monde qui est ici visé. Les hommes lâches et opportunistes, les femmes dangeureuses et castratrices, les soldats idiots, leur morale étroite. Mis en scène avec une élégance rare, tout en subtilité et non-dits, c'est un huis-clos comme un conte étrange, à la lisière du fantastique (pour ceux qui l'ont vu, pensez au corbeau), et fortement transgressif, sur lequel il y a énormément de choses à dire (le film est d'une richesse incroyable) mais il ne faudrait pas trop en réveler alors... chut.
Je vais peut-etre l'acheter le mois prochain! Tout dépendra du prix de mes autres priorités Si je l'achète je te le dis et tu auras en conséquence mon compte-rendu sur le film peu après!
Pedro Kantor
Messages : 584 Date d'inscription : 17/07/2010 Age : 33
Critique très bien rédigée et très intéressante, merci ! Je ne connaissais pas, je serais bien tenté de le voir, le film m'attire même beaucoup. J'espère que j'aurai l'occasion de le voir bientôt. Peut-être sur France 3 ?
J'attendrai d'avoir l'argent pour l'acheter et le voir personnellement, puisque nous avons interrompu notre abonnement télé depuis un bout de temps déja.
Merricat Blackwood
Messages : 167 Date d'inscription : 15/01/2011 Age : 47
Sujet: Re: The Beguiled (Les Proies). Mar 22 Fév - 2:38
Effectivement, il passe en deuxième soirée sur France 3 (jeudi). Tous devant la télévision ! Ze Ring, il me semble que sur Amazon, le DVD a un prix très abordable.
Ze Ring
Messages : 160 Date d'inscription : 15/12/2010
Sujet: Re: The Beguiled (Les Proies). Mar 22 Fév - 3:39
Tout à fait, 5,69 livres sur amazon.co.uk sans frais de port! Reste à voir après si les autres films que je veux acheter seront abordables.
Pedro Kantor
Messages : 584 Date d'inscription : 17/07/2010 Age : 33
Sujet: Re: The Beguiled (Les Proies). Mar 22 Fév - 4:00
D'ailleurs, je l'ai vu il y a un moment (deux semaines je pense), et j'ai beaucoup apprécié, j'en ferais la critique prochainement (dit-il en se grattant son poil dans la main).
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: The Beguiled (Les Proies).
The Beguiled (Les Proies).
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum